HISTOIRE DE FERRIÈRES-HAUT-CLOCHER


Comme son nom l’indique Ferrières fut un lieu où l’on devait pratiquer l’extraction de minerai de fer à ciel ouvert et ceci depuis l’époque romaine.

En 1875, une sépulture gallo-romaine a été découverte sur l’actuelle place de l’église de Ferrières. Au cours de l’aménagement de l’ancien arsenal des pompiers en salle des fêtes, dans les années 1990, il a été trouvé également sur ce même lieu un nombre considérable de tuiles gallo-romaine. Preuve de l’existence d’une habitation de cette époque.

Cette découverte archéologique dont nous parlerons avec détail dans une prochaine rubrique était considérée comme des plus intéressantes en Normandie. Les objets ont été recueillis par M. l’abbé Lebeurier et par M.Izarn, pour le compte de la Société libre de l’époque.

Le nom de Ferrières apparaît une première fois en 1115 dans une donation des seigneurs de Ferrières à l’abbaye de Conches. Un seigneur de Ferrières fut l’un des compagnons de Guillaume le Conquérant. Le plus ancien titre relatif à l’église déjà sous le vocable de sainte Christine, est une bulle d’ Eugène III de 1152. Puis au tournant du XIIIe siècle, l’église est donnée à l’abbaye saint Sauveur d’Evreux. Enfin, en 1322, un document du grand cartulaire de saint Taurin nomme la paroisse Ferrère-Haut-Clochié, ce qui montre bien l’impression que provoquait déjà à l’époque sa belle tour.

Une page de la Seconde Guerre mondiale à découvrir dans notre cimetière.


Peut-être avez-vous remarqué les plaques vertes sur les murs des cimetières de Ferrières-Haut-Clocher, Portes et Conches ? Ce sont des plaques du Commonwealth War Graves Commission, instance financée par l’Empire britannique puis les pays du Commonwealth, depuis 1917. Cette commission a un budget de fonctionnement destiné à l’entretien des tombes de soldats de pays du Commonwealth morts partout dans le monde. La politique de mémoire de ces pays est de laisser reposer les corps aussi près que possible de l’endroit où ils sont morts. Ainsi, nous pouvons aujourd’hui retracer une partie de l’histoire de ces hommes car leur passage est inscrit dans des espaces que nous fréquentons. C’est plus difficile pour les soldats français ou américains par exemple (ces derniers sont soit regroupés dans de grands cimetières, soit rapatriés aux Etats-Unis).

Or, des Français ont également combattu en juin 1940 entre Émanville, Le Neubourg et Conches. Il s’agissait d’éléments de la Xe Armée qui se retirait vers la Bretagne. Mais pour le savoir, nous devons chercher des éléments dans les archives et les livres d’Histoire.

10 soldats Écossais ont été tués à la mi-juin 1940. Ils reposent dans les cimetières de Ferrières, Portes et Conches. Mais pourquoi se trouvaient-ils ici ? Battaient-ils en retraite depuis l’Est de la France ? Non, quelques jours après l’opération Dynamo (évacuant près de 328 000 soldats de Dunkerque vers l’Angleterre), le Premier Ministre Winston Churchill lance une opération extrêmement ambitieuse : faire débarquer deux divisions à l’Ouest de la France pour essayer de bloquer la progression des troupes allemandes sur la Seine tandis que l’armée française se regrouperait dans le « réduit breton » pour poursuivre la guerre. 

Deux soldats écossais, G. Henderson et H. Hipwell sont enterrés au cimetière.

C’est dans ce contexte que les soldats du 157e brigade de la 52e division des Highland Light Infantry (City of Glasgow Regiment) progressent depuis le sud-ouest, vers Évreux. De nombreuses polémiques entourent cette intervention britannique à l’époque. Les divisions déployées, une écossaise et une canadienne, sans appui aérien et étant arrivées trop tard pour interdire le passage de la Seine aux troupes de la Wehrmacht, reçoivent l’ordre d’évacuer le 14 juin. Entretemps, un ou plusieurs accrochages ont lieu avec l’armée allemande. Des avions de la Luftwaffe mitraillent les routes et harcèlent les troupes comme les civils et c’est vraisemblablement lors de ce type d’action que 10 soldats écossais sont blessés et tués. Des civils font également partie des victimes. Les dates figurant sur les tombes des soldats s’échelonnent entre le 10 et le 16 juin 1940.

Texte de Lucien Grillet

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